Ce sont les découvreurs d’un mécanisme de régulation de l’expression des gènes, Victor Ambros et Gary Ruvkun, qui méritent le prix Nobel de médecine 2024.
Post-doctorants au MIT, à la fin des années 1980, les deux chercheurs américains travaillaient ensemble au sein du laboratoire de Robert Horvitz, qui serait lui-même nobélisé en 2002. C’est là qu’ils ont découvert deux gènes étranges chez les nématodes, de petits vers. Quittant ensuite le laboratoire pour voler de leurs propres ailes de chercheurs, chacun a emporté avec lui l’un de ces gènes pour en pousser plus loin l’étude. C’est en mettant en commun leurs trouvailles, plus tard, qu’ils ont compris qu’un très court ruban d’ARN, composé d’une poignée de nucléotides à peine, pouvait correspondre à une séquence d’un brin d’ARN codant, s’y coller et ainsi modifier la recette qu’il donnait aux cellules.
Si la découverte a peu ému la communauté scientifique au moment de sa publication, en 1993, on en a mesuré ensuite toute l’importance. Ruvkun et Ambros avaient découvert le micro-ARN, mais surtout l’existence d’un mécanisme inconnu jusque-là de régulation de l’expression des gènes.
Leur découverte révolutionnaire a révélé un tout nouveau principe de régulation des gènes qui s’est avéré essentiel pour les organismes multicellulaires, y compris l’homme, note le communiqué.
Ces travaux ont ouvert de nouvelles perspectives dans le traitement de maladies, mais sans application immédiate, selon les experts. Cette découverte a débouché sur de nombreux essais [qui sont] en cours, non seulement contre le cancer, mais aussi contre d’autres maladies, comme les maladies rénales cardiovasculaires […] mais rien qui soit proche d’une application réelle, a précisé Gunilla Karlsson Hedestam, professeure à l’Institut Karolinska, à Stockholm.